jeudi 28 juillet 2011

Du signe divin qui nous ouvre les yeux...!

Oyez! Oyez! Braves gens!
Qu'on se le dise, ceci n'est pas un chiotte*, ni même une pissotière, et pour ceux qui ne voit en cela qu'un receptacle à déchets corporels liquides... Non mais oh!
Ceci est LA FONTAINE de mon très cher, très heureux et bien-aimé MARCEL DUCHAMP, et rogner son titre (douloureux souvenir d'une prof de fac avec un accent douteux qui a fait la confusion...) c'est lui ôter en partie ce qui fait de cet objet une oeuvre d'art parmi les plus déroutantes, intéressantes, frappantes, cullottées, enivrantes... Et qu'on se le dise également, Duchamp était un esthéticien** (on aurait tendance à l'oublier) qui aurait fait pâlir un autre bien aimé artiste, notre cher Théophile Gautier*** mais qui trouve son pôle inversé chez notre adoré Cocteau, ceci est un "rappel à l'ordre", ne frictionnez plus mes yeux et mes oreilles en les agressant de cette phrase qui résonne en mon coeur comme un coup de poignard singlant "C'est un chiotte!". Je m'emballe et défend avec ferveur ce qui est à mon sens l'oeuvre la plus éclatante de tous les temps.
Et si vous ne me croyez pas, regarder le teint parfait de cette belle madone nacrée, les rondeurs de son corps en forme de poire ferait pâlir de jalousie nos mannequins anorexiques. La matière émaillée étincelle comme le sourire d'une jouvencelle au soleil, et qui ne peut voir la beauté de la symétrie axiale** de l'oeuvre devrait aller s'acheter des lunettes (euh... ceux qui en ont devraient retourner voir leur ophtalmo, le mien est bien sympa, son accent asiat' quand il nous parle du Coran est à tomber par terre! Je vous donne son adresse).
Bref inutile de m'étendre car j'en deviens fébrile et je me contenterai de conclure avec un extrait du  célèbre texte de Cocteau pour vous inviter à voir autrement! :
"Maintenant, connaissez-vous la surprise qui consiste à se trouver soudain en face de son propre nom comme s'il apppartenait à un autre, à voir, pour ainsi dire, sa forme*** et entendre le bruit de ses syllabes sans l'habitude aveugle et sourde que donne une intimité? Le sentiment qu'un fournisseur, par exemple, ne connaît pas un mot qui nous paraît si connu, nous ouvre les yeux, nous débouche les oreilles. Un coup de baguette fait revivre me lieu commun. Il arrive que le même phénomène se produise pour un objet****, un animal. L'espace d'un éclair, nous "voyons" un chien, un fiacre, une maison, "pour la première fois". Tout ce qu'ils présentent de spécial, de fou, de ridicule, de beau nous accable. Immédiatement après, l'habutude frotte cette image puissante avec gomme. Nous caressons le chien, nous arrêtons le fiacre, nous habitons la maison. Nous ne les voyons plus. Voilà le rôle de la poésie. Elle dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement."
 Nota bene pour les pas trop "benêts"! (Et même pas j'ai honte du jeu de mot foireux...)
* "Ceci n'est pas une pipe"... moi je dis que ce texte n'est pas une fellation non plus! C'est juste de la masturbation intellectuelle. Si j'étais un homme je serais éjaculateur précoce et je dirais à Quignard que le bon mot je ne le trouve pas et pourtant, comme une éructation soudaine plutôt qu'une éjac, je vous envoie en pleine figure mes mots décharnés de bienséance...
**Non, il ne jouait avec la pilosité trop abondante des femmes désireuses de ne pas voir le foin dépasser de la charette sur nos plages (presque) ensoleillées...
* Un homme, d'habitude de bon sens, qui a osé dire un jour que les latrines ce n'est pas de l'art... On lui pardonnera cependant cette idée naît bien trop longtemps avant Duchamp pour se rendre compte de son erreur!
** Allez, on fait appel aux très lointains souvenirs et on se remémore du programme de mathématique de 6ème...
*** Il est pas en train de faire un gros trip. Je vous assure; il est pas sous LCD le type, il est juste poète. Erik Orsenna lui aussi dans "Et si on dansait?" voit les mots se matérialiser, et pourtant il fait parti des Immortels (non Highlander n'a rien a voir...). Et vu comme ils sont pas toujours fun les académiciens, on se demande même s'il n'y a pas de test anti dope pour y entrer, ou alors ils prennent pas les mêmes prod' que les coureurs du Tour de France. C'est indéniable, car, quand on voit la difficulté avec laquelle certains grimpes les marches d'un escalier et ont du mal à maintenir la station debout on imagine non pas sans un sourire ce que ça donnerait s'ils avaient à gravir un col lors d'une course.
**** Alors que les hommes qui déballent leur attirail devant une pissotière pour vidanger leur saucisse posent une fois leur regard d'une toute autre manière sur l'objet en question, et qu'ils pensent au travail de Duchamp!

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